Une aventure sur la Vélodyssée : partie 1
Une aventure sur la Vélodyssée : partie 1

Une aventure sur la Vélodyssée : partie 1

Résilience

Un jury avait prononcé cette phrase lors de mon dernier oral du diplôme d’éducatrice spécialisée.
– « Mademoiselle, sur cette situation, vous avez fait preuve de résilience. »
Je l’ai remercié, par politesse, ça avait l’air d’être un compliment.
Puis, en sortant de la salle, j’ai cherché ce que ça signifiait.
« Aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques ». Merci le Larousse !

Je ne voyais pas pourquoi elle me disait cela. La jeune dans la dite situation avait bravé bien plus d’obstacles de vie que moi , petite étudiante éduc’ insouciante que j’étais.

Aujourd’hui, ce mot résonne, il transpire de force et nous enveloppe de douceur. Certaines personnalités m’évoquent ce mot incarnant ce côté chaleureux et combattant à la fois. Robin Williams ou Simone Veil par exemple. Certains amis aussi, qui ont eu leurs vies cabossées par des événements traumatisants et qui malgré tout ont sorti la tête de l’eau avec élégance, dignité et doté d’un recul incroyable.

Mon admiration pour eux est sans limite. Chaque individu avec quelques années de vies derrière lui a son lot de douleurs. Chacun l’appréhende à sa façon et trouve plus ou moins la clé pour évoluer. Ce mot, résilience, m’a porté à ces moments fatidiques, là où la lumière quittait son nid comme une âme qui s’étiole.

Chercher en soi des ressources inestimables, accepter, s’adapter, là est le chemin que j’ai choisi d’emprunter.
Et je suis loin d’être la seule.

loire à vélo

2020 est une année où la résilience est primordiale pour bon nombre de personnes. Nous voilà plongés dans un monde masqué, faisant face à une cible invisible, nous remettant à notre place d’humain sur une planète trop peu respectée. La belle bleue s’essouffle et nous le fait savoir d’une manière qu’on n’oubliera pas de sitôt.
Du moins je l’espère.

L’espoir

Encore un joli mot, mêlant rêves et volonté. Qu’il est compliqué de toujours s’accompagner de ce dernier, lorsque les mauvaises nouvelles pleuvent mais il revient toujours au moment où on ne l’attend plus , nous donnant une énergie insoupçonnée.
Il est encore temps. Temps d’agir, d’être solidaire et acteur du positif. L’apercevoir au loin, l’amadouer au fil des jours comme un chaton sauvage, lui tourner autour , l’enlacer et l’embrasser. L’espoir se transforme alors en projet qu’on touche enfin du bout des doigts.

S’écouter

Il y a des périodes dans la vie où une voix intérieure résonne, nous tanne, nous hante même.
On entre alors dans le déni , on la refoule. Puis, elle fait son chemin et notre inconscient commence à se dire « Pourquoi pas ? ».
Il suffit alors d’une chanson, d’un mot, d’une phrase d’une personne de notre entourage pour rendre les choses réelles et se lancer dans l’aventure.
Pas sans doutes non, ni questionnements.
La tempête est lancée entre la tête, le cœur et les tripes. Notre corps nous lance des appels et le cerveau est en ébullition permanente. L’idée est là.
Entreprendre un voyage, sûrement seule et insolite. Imaginer pour mieux se retrouver. C’est le défi que je me suis lancée.

Se dépasser

La vie est faite de paradoxes. S’écouter et se dépasser ne seraient ils pas contradictoires?
Pas tant que ça. L’équilibre entre le yin et le yang. Toujours jouer sur les deux tableaux.
Savoir écouter son corps et son cœur est indispensable mais sortir de sa zone de confort est je pense nécessaire. Loin d’être évident, car il faut apprivoiser et faire face à ses peurs. Mais une fois celles-ci traversées, on se dit avec le recul que le col à gravir n’était pas si gros qu’on l’imaginait.
Depuis la petite enfance, j’ai été baignée dans le sport. J’aime cette sensation de dépassement de soi après une activité sportive. Celle d’avoir été au bout de quelque chose.

Le sport est pour moi vecteur d’émotions, tout comme peut l’être la musique ou l’art. Chacun trouve son compte où il le souhaite.
Je rêvais de grand voyage mais mon côté exigeant souhaitait y mêler le sport et mes valeurs humaines.
Le voyage à vélo répond à tous mes critères.

vélo voyage

Partir à vélo

J’en ai fait la découverte en 2018 lorsqu’une amie m’a tanné pour faire la Loire à vélo avec son chien. Autant dire qu’on ne commençait pas avec le chargement le plus léger!
Malgré un certain nombre de péripéties, les émotions vécues pendant ce Tours-Nantes se sont transformées en une jolie boîte à souvenirs et il ne nous tardait qu’une chose : recommencer! ( dans la catégorie poids plume cette fois).

Ce fut chose faite l’été d’après sur un bout de la Vélodyssee, avec nos sacoches arrières comme seuls bagages.
Une réussite ! Avec un climat parfait, nous avons pu faire des rencontres enrichissantes, bénéficier d’un accueil incroyable de cyclovoyageurs via la plateforme Warmshower.

Réfléchir à l’itinéraire, ne prendre que le nécessaire, s’immerger dans le paysage. Mais aussi prendre le temps de découvrir, expérimenter l’itinérance, s’échauffer les cuisses en musique dans les côtes , être au plus proche de la nature. Que de sensations vécues que j’ai eu envie de revivre en puissance 10.
La dimension sportive est là, certaines valeurs humaines aussi. Il reste un petit trou à combler.

Faire sens

Doux terme du dico des éducateurs, utilisé à tort et à travers au travail… et à la maison!
Déformation professionnelle oblige! Voyager c’est bien. Mais y intégrer la notion de partage c’est mieux.
J’ai ce besoin de créer des moments positifs avec les autres, comme pour pallier au négatif environnant que j’ai tendance à prendre trop à cœur. Contrebalancer pour amadouer mon hypersensibilité, rester dans la team des optimistes. Et donner. De soi, de sa personne, de son petit savoir, ça rend heureux il parait 😉
Je crois fortement à la pédagogie et la sensibilisation. Plus on agit sur la jeune génération, plus leurs esprits seront ouverts et plus ils sensibiliseront à leur tour. On a tous notre rôle à jouer, « je fais ma part » disait le colibri.

La nature

Ressourçante, apaisante. Grandir à la campagne est une chance. Ce cadre vert m’a accompagné au quotidien lors de mes activités en extérieur et en lien avec les animaux.
Y être attentive coulait de source, comme une vieille dame dont on prend soin. Pourtant, mon mode de vie d’il y a encore quelques années ne l’aidait pas.
Ma prise de conscience écologique s’est faite au fur et à mesure, au contact d’amis bien plus avancés que moi sur ce domaine, en lisant, en regardant des reportages. Je suis loin d’être parfaite mais j’essaie de m’améliorer chaque jour et de bousculer mes habitudes.
Sans leçon de morale, nous pouvons influencer notre voisin. Positivement. Montrer qu’en faisant tous un geste, nous pouvons prendre soin de la planète, de la biodiversité, et de nous-mêmes par la même occasion. Un geste puis un autre, au fur et à mesure et la chaîne s’agrandit. Je me dis que nous aussi.

J’ai toujours été étonnée des déchets amoncelés dans les fossés, les rues et d’en rencontrer sur les plages.
L’océan fascine, beaucoup de personnes en sont amoureux. Certains l’abîment volontairement, d’autres sans le savoir. Les océans sont victimes de la plus grosse pollution de plastique. Un continent de déchets, oui vous avez bien lu , divague au large et déverse par poignées pailles, bouteilles, canettes et j’en passe sur nos plages. Ils sont menacés et pourtant sont nécessaires à notre oxygène.

Heureusement, de belles âmes œuvrent à le réparer en créant des associations . Comme Surfrider qui informe, sensibilise, étudie, protège les océans et leur biodiversité et comprend une équipe de bénévoles incroyablement disponibles et à l’écoute. Portée par ses valeurs, j’ai décidé d’apporter ma petite contribution à cette asso pendant ce voyage: créer des
collectes pour nettoyer les plages. Via leur site initiatives océanes et m’entourer de leurs antennes locales pour me guider lorsque cela leur est possible.

Le projet initial

3 mois. 3 pays. 3000 kms. Voilà ce qui était prévu.
Au Départ de Faro début avril, je remontais les côtes portugaises en vélo jusqu’à Porto. Puis petite transition en bus pour traverser l’Espagne. Arrivée en France, je pédalais le long de la Vélodyssee d’Hendaye à Roscoff avec des arrêts prévus pour les nettoyages de plages via Surfrider. Et enfin , après une virée maritime, terminer par une belle escapade en Irlande de Cork à Galway en juin.
Huit mois d’organisation sur plusieurs fronts.

  • Travailler l’itinéraire avec tout ce que cela comporte : l’étude des transports, le repérage des tracés. Faire des recherches d’expériences similaires et de conseils via des pages sur les réseaux sociaux ou blogs dédiés au voyage à vélo (merci à tous ces cyclovoyageurs), l’achat
    de matériel, etc.

  • La mise en place des collectes : établir des dates précises, contacter les mairies pour obtenir leurs autorisations, relancer, en contacter d’autres devant le refus de certaines. Contacter le siège de Surf rider puis les antennes locales pour co-créer l’événement, rassembler du monde, organiser le ramassage des déchets après la collecte, etc.

  • le démarchage auprès de partenaires financiers pour réduire mes frais matériels et alléger mon budget. Les grands gagnants sont au nombre de 4 : Cyclorando, Cyclable et Gilles du magasin de Tours, Cartovelo, La Bicyclette verte et les taxis Leroux , merci pour votre
    confiance et votre soutien financier.

  • Créer une cagnotte leetchi où tous les dons récoltés pendant mon voyage seront reversés intégralement à Surfrider à mon retour.
    Ça en a fait des heures passées sur le téléphone!

Mais ça c’était avant que s’invite Monsieur Covid, hôte très peu sympa dont on souhaite le départ.

S’adapter

Maître mot qui nous met à l’épreuve, nous saoule sur le moment il faut bien le dire, nous met un peu de piment au quotidien mais nous prouve que tout problème a sa solution.
Le confinement est tombé 3 semaines avant le départ initial.
Un flot d’émotions et de questionnements auront rempli mes journées.

Au début, la déception fut grande. Huit mois à bâtir ce projet seule, et il s’envole juste devant moi. Personne n’y pouvait rien, je culpabilisais de ressentir certaines émotions. Des personnes perdaient la vie, je n’avais pas le droit de me plaindre.
Alors vaille que vaille, comme d’habitude, on met le tout en pause et on s’adaptera en temps voulu, lorsque la situation sera plus claire.
En attendant, j’ai décalé puis annulé mon congé sabbatique pour continuer à travailler pendant le confinement. Cette période fut particulière, comme pour tout le monde. Travailler avec un masque, une deuxième tenue et l’appréhension de ramener le Covid dans la structure, Cécilia tu voulais de l’insolite, en voilà !

Sur les traces de la Vélodyssée

Sous les conseils d’amies précieuses et après mûre réflexion , je me suis décidée : ce sera la Vélodyssée en septembre avec l’objectif principal des collectes.
Je ne voulais pas abandonner ni reporter d’un an. C’était prendre le risque que cela ne puisse pas se faire pour x raisons. La vie est pleine de surprises, et je voulais être sûre de pouvoir honorer une partie de mon périple.
Des partenaires comptaient sur moi et je voulais œuvrer pour Surfrider. Ne pas avoir fait tout ça pour rien.
Il a fallu alors retrouver l’énergie pour tout réorganiser : reprendre contact avec tous les acteurs, leur expliquer mes objectifs du moment, recréer les collectes.

Pour des questions de disponibilité et de météo, je descendrai la Vélodyssee de Roscoff à Anglet à lieu de la remonter.
Les collectes se dérouleront à Roscoff le 30 Août, St Brevin les pins le 09 septembre, St hilaire de riez et les Sables d’Olonne les 12 et 13 septembre, Aytré (17) le 16 septembre, Meschers (17) le 19 septembre, Lacanau le 23 septembre, Anglet le 3 octobre et une réserve pour Biscarrosse le 27 septembre. J’espère vous voir nombreux ( et masqués ) ! Le but est qu’amis, connaissances ou inconnus me rejoignent afin de rendre les plages plus
propres, et créer cette chaîne de solidarité que j’évoquais.

Mes partenaires

Merci aux mairies et aux antennes de Surfrider pour leur confiance et leur disponibilité.
Merci également à ma ville, la mairie de Blois, pour son aide à la création et réalisation d’une collecte en bords de Loire début Août, co-crée avec Émilie, connue grâce au voyage à Vélo.
Nous étions une trentaine paire de mains efficaces, ce fut un beau moment.
Merci à l’atelier Vélo 41 pour ses conseils mécaniques avant départ , merci à mes partenaires pour leur confiance malgré le trajet revu à la baisse post-covid.

Merci également à toutes les petites mains précieuses au quotidien, les gestes généreux, les encouragements , le soutien moral des connaissances, amis, membres de la famille. J’ai dû faire face à la peur des autres de me voir partir seule ( en plus de la mienne !) mais mon instinct me le souffle très fort et je crois qu’il faut enfin que je l’écoute !
Tout est quasi prêt. Je me laisse une partie d’improvisation pour laisser libre court à l’aventure. Première collecte le 30 août à Roscoff et premiers coups de pédales le 31 août !
Enjoy!

Cécilia avec l’équipe de Bicybags

Ps: si vous souhaitez suivre mes aventures: pages Facebook et Instagram « je me dis que nous aussi » et possibilité de suivre mon parcours en temps réel sur Polarsteps.
PS2 : les Collectes sont inscrites sur le site initiatives Océanes ( sous le nom je me dis que nous aussi) et sur ma page Facebook ( rubrique évènements).

3 commentaires

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  2. Ping :La Vélodyssée partie 3 : le sud, des Sables d'Olonne à Bayonne - Bicyblog

  3. Ping :Une aventure sur la Vélodyssée, dernière partie : le bilan

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