Bref, j’ai fait la Vélodyssée
Bref, j’ai fait la Vélodyssée

Bref, j’ai fait la Vélodyssée

Les semaines ont passé. Un mois depuis le retour, l’heure est au bilan.

Apaisement

J’ai lâché . Avec le quotidien, le travail, les questionnements, l’actualité, la morosité. J’ai lâché. J’ai laissé partir la colère, le sentiment d’injustice pour laisser place à l’apaisement. Le rythme était soutenu, certains moments ont été stressants bien sûr mais cela restait du stress positif, avec du sens et un objectif.
Je me suis retrouvée. L’aventure comme psychothérapie : j’ai appris, j’ai analysé , j’ai tiré leçon, j’ai été surprise, je me suis testée, je me suis poussée dans mes propres retranchements….et surtout j’ai pris plaisir. Aventure épanouie.

Plage de Suzac à Meschers. Collecte du 19 septembre 

Un mois après, que reste-t-il de tout ça ?
Il a fallu gérer le retour dans une ambiance Covid et une motivation proche de zéro de retourner travailler.
Mais maintenant que le plus dur est passé je peux le dire. Il reste le sourire, les souvenirs, la fierté , l’énergie de recommencer au plus vite, dès que ce sera possible et cette certitude qu’on peut déplacer des montagnes lorsqu’on est sur le bon chemin.

Overbookée

Un voyage de ministre ou presque. Mon téléphone était à la fois mon meilleur allié et mon ennemi.
S’il y a une chose négative du voyage, ce serait cette dépendance obligée aux mails et appels. En effet, je savais que le rythme serait soutenu à certains moments du voyage mais j’avais sous estimé le temps que je devrais passer sur le téléphone. Entre la mise à jour des pages Facebook et Instagram, l’entretien des liens avec les antennes locales de Surfrider, le travail de communication pour les collectes auprès des mairies, les relances, les réponses à la presse, certaines journées étaient plus denses sur mon téléphone que sur mon vélo. Et les nuits courtes.

Avec l’équipe de Surfrider et Mimi, une des participantes à la collecte 

C’est là qu’on se rend compte de tout le travail à fournir seule. J’ai eu l’impression 2-3 fois de passer à côté de certains moments même si je ne voulais pas déroger à ma règle : pas de boulot sur le téléphone pendant mes soirées avec les warmshowers. La charge mentale était lourde mais la cause que je défendais étant belle, la motivation restait intacte et le jeu en valait la chandelle. Merci aux antennes ou aux mairies qui ont pu me faciliter la tâche en groupant les contacts presse ou en s’en occupant à ma place. C’était un gain de temps incroyable et une possibilité pour moi de lâcher prise sur mon vélo.

Cœur débordant

Cette aventure m’a nourrie. Depuis petite, je suis émotive. Avec les années j’ai pris du caractère mais cette sensibilité est ancrée en moi et je suis constamment en recherche d’humanité.
Et je l’ai trouvé, là, tous les jours, sur la route. A la rencontre de toutes ces personnes qui bizarrement, partageaient un bout de ma vision du monde.
Ça fait du bien de sortir de chez soi sur une période aussi longue, j’en avais presque oublié les bienfaits. Douze ans après mon année Erasmus, je retrouve le moi -étudiante en plus mature mais avec toujours cette envie d’évolution, de projets collectifs.

La grande plage en pleine tempête 

Mon cœur déborde. Trop d’attentions, de solidarité , de positif , d’entraide , de gentillesse venant de tout bord. Non. Tout compte fait, ce n’est jamais trop. On ne s’en lasse pas. Continuez à vous ouvrir aux autres, inondez votre entourage de positif, de belles actions.
Le chemin peut être long mais n’oubliez pas : Harry Potter contre Voldemort. On sait très bien qui sort vainqueur.

A toutes les filles, les femmes qui sont pleines d’incertitudes devant le voyage en solitaire : Osez !
Partir avec sa solitude et au final se sentir moins seule, voilà à quoi ça sert. On en fait des rencontres. La première est avec soi même , la deuxième avec Autrui. C’est riche d’échanges et appauvrie de peurs. Elles disparaissent au fur et à mesure des kilomètres. Le plus dur est de se lancer. Au premier coup de pédales, l’excitation du voyage prend ensuite le relai. Ça vaut le coup , je vous assure.
Foncez !

Lac de Lacanau

Suivez le guide

Comme dit dans tous les articles, partez confiants avec votre guide « La Vélodyssée » en suivant les pancartes, tout y est bien indiqué. Pas de difficultés majeures, cela vous facilitera grandement vos journées. Pas besoin d’être les yeux rivés sur le GPS, vous pourrez vous concentrer sur votre effort physique et profitez de vous nourrir de ce qui vous entoure jusqu’à indigestion.
Personnellement, je l’utilise essentiellement pour les cartes. Il m’est arrivé de le consulter 3-4 fois pour les hébergements lorsque je n’avais pas de warmshowers et il a été plutôt de bons conseils.

A la portée de tous

Le vrai virus dont on devrait parler : Le voyage à vélo. Il atteint tous ceux qui s’y frottent, la contagion est forte. Certains disent qu’à son contact, une forme de dépendance se déclare. Les malades deviennent souriants, avenants, adeptes du goût de l’effort, prennent le temps de vivre, de
prendre des photos, de faire des rencontres, d’apprécier l’instant présent. Il y autant de formes du virus que de voyageurs à vélo. Certains voyagent légers, d’autres emmènent leurs maisons avec eux.
Certains enfilent les kilomètres et d’autres misent sur de petites distances. Mais tous ont un point commun : ils profitent, voyagent de manière écolo, emmagasinent les paysages et les rencontres, ils s’humanisent et se connectent à la nature. Une vraie pandémie.

Bayonne

Et surtout toute personne ayant une mobilité lambda peut s’atteler à voyager à vélo. Pas besoin d’une condition physique incroyable pour se lancer. C’est à la portée de tous. Même avec un handicap, de petits ajustements seront nécessaires mais tout est envisageable.

Niveau budget, tout dépend du confort dont vous aurez besoin. L’aventurier en camping sauvage, celui à la recherche de rencontres chez des warmshowers et prêt à cuisiner au réchaud s’en sortiront pour presque rien comparés aux cyclos souhaitant dormir en chambres d’hôtes et manger au restaurant bien entendu.
Par exemple, une semaine l’année dernière à 2 sur la Vélodyssée tout compris ( avec le train retour) m’avait coûté 120 euros. Sur ce périple, difficile de chiffrer le budget alimentation mais l’hébergement m’a coûté sur 5 semaines un peu plus de 250€ en préférant les logements en dur sur la fin de parcours pour éviter la pluie et les nuits fraiches.

Alors, partants ?

L’océan entêtant

Il est là, tout près, m’inondant du bruit de ses vagues, m’attirant comme les profondeurs du grand bleu. J’en suis convaincue, je dois m’en rapprocher. L’océan me rend heureuse. A sa vue, son odeur, ma tête se vide de tous problèmes et l’inspiration déborde.
Je suis contente d’avoir pu œuvrer à sa santé, à travers les collectes et la cagnotte mises en place tout le long de mon périple. Surfrider Europe a pu recevoir la jolie somme de 360€ afin de continuer à protéger l’océan et sa biodiversité.
En attendant, loin de lui, il hante mes pensées.
Ce n’est qu’une question de temps, je le rejoindrai. A tout bientôt.

Mimizan

Des chiffres et des lettres

  • 1269 kms
  • 0 crevaison
  • 1 chute pour la cycliste à l’arrêt
  • 3 chutes pour le vélo
  • 2 attaches de sacoches cassées
  • Une dizaine de bleus au retour,
  • Une vingtaine de nuits chez l’habitant,
  • Une trentaine de coups de pédales dans les chevilles,
  • Une quarantaine de technique de la Tortue pour combattre le vent de face,
  • Une cinquantaine de « Ohhhh c’est beauuu »,
  • Une centaine de côtes et des « oh bordel allezzzz » qui les ont accompagnées,
  • Plusieurs centaines de « Bonjouuuuuur ! »
  • Un millier de sourires.

Et des tas de moments non chiffrables, uniques, fait d’émerveillements et de rencontres.

Mon compagnon de voyage

Je vous présente enfin mon compagnon. Ce n’est que le début j’avoue mais il a été présent tout du long et sa ligne n’est pas de celle qu’on oublie.
Notre rencontre s’est faite sur internet, comme quoi les sites ça peut amener à de belles relations.
Son petit nom, c’est Jacky, Vélo farrhadmanufactur T100 amélioré (ça fait un sacré nombre de points au Scrabble).
Doté d’une selle SMP tout confort, un guidon papillon reposant pour les épaules , des freins hydrauliques à patins sécurisants, des pneus schwalbe Marathon increvables , un éclairage par Dynamo, c’est un vrai sportif mon Jacky. Rien à envier aux rugbymen !

vélodyssée
Plage d’Aytré le 6 septembre 2020

Tout roule parfaitement entre nous. Bien sûr quelques petits désaccords, des petits frottements de garde boue mais rien de bien embêtant en ce début de relation. Et il est sacrément costaud Jacky : 6 sacoches et mon poids à porter, rien ne lui fait peur. 4 sacoches crosso ( 2 arrières de 25 litres chacune et 2 de 10 litres à l’avant), une sacoche de guidon Ortlieb d’occasion et un sac à dos imperméable abritant ma tente, mon duvet et ma bâche multi-tâche !

Remerciements

Merci à tous ceux qui ont participé à rendre Jacky le plus beau des compagnons pendant ces 5 semaines passées ensemble : un joli badge, une mascotte mange-souci, des accessoires plus que pratiques ( un compteur, un porte téléphone étanche , un rétroviseur, un chargeur solaire ) , tout ce qui lui est nécessaire en cas de coup de pompe ( chambres à airs, rustines, multi tools, maillon rapide, serre câble, etc).

Merci à ceux qui nous ont aidé à nous apprivoiser avant le départ , sans eux la connexion n’aurait pas fonctionné c’est sûr.
Merci donc à Cyclable, L’atelier Vélo 41, le site cyclorandonnée, les taxis Leroux (pour leur aide financière), et bien entendu la Bicyclette Verte, Cartovelo et Bicybags.
Ce n’est que le début, et de nombreuses aventures s’ajouteront à celle-ci je l’espère .
Pour ceux qui souhaitent des détails sur le contenu exact de mes sacoches, n’hésitez pas à me contacter via ma page Facebook ou Instagram « Je me dis que nous aussi ».

> Retrouvez les aventures de Cécilia dans les articles précédents :

  • Une aventure sur la Vélodyssée, partie 1
  • Une aventure sur la Vélodyssée, partie 2
  • La Vélodyssée, partie 3 : le Sud, des Sables d’Olonne à Bayonne

3 commentaires

  1. Anonyme

    Bonjour Cécilia
    J’ai lu vos appréciations vraiment cela me fait envie. C’est mon rêve depuis longtemps partir
    Mes projets:
    La Velodyssee, la vélofrancette et la vélocénie par quels moyens pouvons nous échanger pour des conseils ( équipements, hébergements et conseils….) Je ne souhaite pas échanger sur Facebook.
    Dans l’attente merci pour le temps que vous me consacrerez.
    Cordialement
    François

  2. Anonyme

    Bonjour Cécilia,
    J’ai écouté votre interview sur RCF ce matin. Vous nous avez fait partager votre voyage et votre aventure. J’imagine que ce que vous avez réalisé vous a demandé de la ténacité. Le parcours est long et je sais par expérience que 50 kilomètres de vélo c’est déjà fatiguant.
    Dans ce que vous faites j’aime à la fois la promotion du vélo et votre action pour l’environnement. En ce qui concerne le vélo, pas besoin de me convaincre; j’utilise la voiture le moins possible et j’effectue la quasi totalité de mes trajets en vélo. Pour ce qui est de l’environnement et de la solidarité je m’occupe d’une petite association dont l’audience est malheureusement très limitée. Le principe en est qu’en économisant sur des consommations inutiles et polluantes (la voiture est en premier visée) on peut financer des projets éducatifs pour des enfants. Nous travaillons pour le moment en Inde, mais pourquoi pas ailleurs et en France aussi si nous en avons un jour les moyens. Malheureusement les adhérents et les donateurs nous manquent beaucoup malgré des campagnes sur internet qui normalement touchent des milliers de personnes. Ma démarche en vous contactant est bien sûr un peu intéressée et je m’en excuse. Peut-être avez-vous autour de vous un réseau de personnes intéressées par le vélo, l’environnement et l’éducation d’enfants issus de milieux pauvres et dans ce cas là vous pourriez diffuser une information. Je vous laisse les coordonnées de l’association https://www.dana-asso.fr/ mail assodana@gmail.fr
    Merci en tout cas d’avoir partagé votre belle aventure
    Yves Destriau, président association Dana

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